Etape 39

Dimanche 11 juillet

de Mantet au refuge de l'Arago

Lever : 6h15 Départ : 6h40 Arrivée : 14h52 Durée : 8h12

Asc : 1390m

Desc : 920m

La montée du Col de Mantet ne pose aucun soucis… c’est un petit col ! Descente agréable vers Py, dans les bois, il fait beau, la pente est raisonnable, les muscles réagissent à merveille… le genre de moment béni où tout marche bien et les pas se déroulent et s’enchaînent comme une mécanique bien huilée.

Petite épicerie avec vraiment le minimum… pas plus d’une vingtaine d’articles. Le jeune me fait cuire une baguette et m’offre un café en attendant. De la terrasse, j’assiste un peu estomaqué à la capture en plein vol d’une hirondelle par un rapace qui me regarde dans les yeux l’air aussi étonné que moi…

Si le lac des Bouillousses marque la fin d’une longue période sauvage et montagneuse, Py est la porte de l’influence méditerranéenne. Dès le début de la montée vers Mariailles, tout y est : la chaleur, les odeurs, les bruits, la lumière et même le premier village aux tuiles rouges que j’aperçois dans le fond d’une vallée. Bizarrement ces toitures rouges m’ont surpris, habitué que j’étais aux tuiles grises depuis le pays basque… ça ne fait quand même que 39 jours… ai-je été coupé si longtemps de mes références pour être surpris à ce point là par une malheureuse petite tuile rouge !

Montée agréable souvent le long d’un petit chenal aménagé où coule une eau bien fraîche.

Je prends deux jeunes en photo avec leur appareil… ils étaient émouvants ces deux petits amoureux et j’ai pas pu m’empêcher de le leur proposer.

Un coca au refuge Mariailles et le patron me conseille vivement de faire la variante qui passe par le sommet du Canigou alors que je lui disais mes hésitations à le faire ou pas.

C’est donc décidé, je vais planter la tente dans le secteur de la cabane Arago. Le temps devient bigrement orageux et je croise énormément de gens qui redescendent à toute vitesse et qui me croise montant lentement, mon sac chargé à toc…

Trouvé une grosse concentration de scories sur le chemin, un peu après la bifurcation pour Arago.

Encore beaucoup de monde autour de la cabane c’est vraiment un but de rando très fréquenté les pentes du Canigou : c’est la première fois que je vois autant de monde. L’orage gronde au lointain, les sommets disparaissent… mais ça n’a pas l’air d’affoler les gens… c’est peut-être la coutume locale de venir se prendre un orage au Canigou ?


Vallon du refuge de l'Arago

Je m’en fous : moi, je monte la tente, je me fais mon casse-croute et, devant l’attaque des moustiques, je file faire une sieste dans la tente. Ca gronde sans arrêt et ça finit par tomber, la pluie crépite sur la tente. A l’intérieur, je rêvasse, bien au chaud dans mon sac, je compte les secondes entre l’éclair et le tonnerre. Toujours très sympa cette impression d’être à l’intérieur d’une bulle chaude et confortable alors que tout se déchaîne au-dehors.

Je crois que je vais finir la journée avec les pêches au sirop que je trimballe dans le sac depuis une paire de jours.

Etape 40

Lundi 12 juillet

Du refuge de l'Arago à l'abri du Pinateil

Lever : 5h12 Départ : 6h Arrivée : 14h30 Durée : 8h41

Asc : 880m

Desc : 1340m

Comme d’habitude, après une soirée orageuse et grondante, ce matin le ciel est tout dégagé. Rangement du camp à la frontale. On supporte la polaire à cette heure !

A nous deux, Canigou ! Escorté un temps par plusieurs isards qui ne me sentent pas (le vent vient du sommet), je les regarder se courser les uns les autres, simuler des affrontements.

Une fontaine (Nostra Fonta) bien haut perchée sur le chemin qui serpente au milieu des blocs. La pente se relève et voilà la cheminée, obligé de mettre les mains pour progresser. Deux fenêtres laissent passer le soleil avec une vue plongeante sur l’autre versant… La face où je suis est à l’ombre et les rayons de soleil brodent un liseré étincelant sur les crêtes rocheuses.


Dans le versant Sud du Canigou

Le sommet est là, avec sa croix toute baniérée d’étendards catalans et de différentes offrandes (chapeaux, godasses, grigris, foulards…). Ca me plait et j’ai eu raison de faire cette variante et surtout d’arriver seul tout en haut. Dans la descente, je vais croiser pas mal de groupes depuis les Cortalets où on peu monter en voiture… c’est un peu scandaleux…


Au sommet du Canigou

Juste sous le refuge des Cortalets, je me perds et je pars sur le GR83 !! Avant que je ne m’en rende compte, j’ai bien descendu une bonne heure déjà. Y a pas, faut remonter… je regarde la carte, étudie des échappatoires… mais rien à faire, le GR83 m’emmène à perpette. Deux heures de perdues et tout ça pour me taper ensuite une heure de piste pour les voitures qui montent aux Cortalets. Y a même un belge qui s’arrête pour me demander si c’est encore loin… il a peur pour sa voiture : je l’envoie sur les roses, non, mais !!

Arrivé à la cabane Pinateil, l’endroit est tellement bien que j’y pose le sac et décide de faire mien cette cabane. En lisant le livre d’or, je crois y reconnaître mes deux nantais (Claude et Jean Yves) qui ont laissé un mot le 2 juillet… ils ont du shunter une bonne partie du parcours…


Abri du Pinateil

Une petite bouffe, une petite sieste. Trois randonneurs passent mais ne s’arrêtent pas. Encore une cabane pour moi tout seul pour jouer les robinsons. Je téléphone à Banyuls pour réserver une chambre d’hôtel… ça sent la fin !