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Le sentier européen E4 :

traversée de la Crète


Mercredi, 14 mai. Nifis Potamia à Argiroupoli

Dénivelé positif : 320m

Dénivelé négatif : 550m

Durée : 4h30

On avait prévu une deuxième journée calme et courte, petite distance et pause dans un hôtel à Argiroupoli. Heureusement car ce n’est pas la grande forme pour moi. Je me traîne un peu et marche à côté de mes pompes. J’en perdrai même mon foulard, foulard que je traîne en rando depuis de nombreuses années. J’ai eu un peu de peine pour lui..

Pause café dans le très beau village de Mountros où on s’arrête prendre un café juste sous un nid d’hirondelles.

Toujours pas de trace du E4 qu’on renonce à chercher. On se fait notre propre itinéraire avec l’aide de Viewranger et des cartes qu’on a. C’est ainsi qu’à la sortie de Mountros on prend la piste qui descend dans un vallon ombragé pour rejoindre Nisi.

On rencontre encore de ces pauvres chiens attachés à un tonneau avec pour toute nourriture des carcasses grouillantes de mouches ou des croquettes en vrac. Un baquet d’eau verdâtre en guise de boisson. Ces pauvres bêtes nous regardent passer avec toute la misère de leur condition au fond du regard. Craintives et soumises… que font-elles là, souvent perdues loin de toutes habitations ? C’est sûr que la vision qu’on a du chien n’est pas la même pour un français qui prend soin de son toutou adoré et d’un berger crétois. Qui a raison ? Je m’étais déjà fait cette réflexion au Groenland en voyant ces chiens attachés au bout d’une chaîne ou livrés à eux-mêmes sur une île durant l’été où ils ne servent à rien…

La rencontre avec les bus de touristes à Argiroupoli est un peu fracassante et nous donne le tournis. On trouve une chambre à la Villa Elena où je m’écroule pour une bonne sieste de deux heures. Douche, lessive et petite balade dans le village. Un coca m’a fait du bien et je vais manger avec appétit ce soir… pourtant les souvlakis ne seront pas terribles.

 

Jeudi, 15 mai. Argiroupoli à Tavri

Dénivelé positif : 1750m

Dénivelé négatif : 905m

Durée : 9h05

Si tout se passe bien, ce devrait être notre dernière journée macadam. Et ça se passera bien !

Bon petit déjeuner à la villa Elena où le papi et la mami sont déjà debouts. Lui, balaie et elle nous mitonne de bons petits beignets au fromage qu’on emportera.


La vallée en amont d'Argiroupoli

Depuis le haut du village, on se dirige par la route vers Kallikratis via Miriokefalia. Comme tous les matins, c’est la forme. L’air est frais, la lumière quasi biblique et les kilomètres d’asphalte s’avalent, le cœur léger. J’ai remplacé il y a quelques jours mon lourd bâton par deux bambous qui tiennent le choc. Ils donnent le rythme en sonnant sur la route. On tente bien de lever le pouce au passage des rares voitures qui nous doublent. Mais ce sont des pick-up pleins des bidons de lait que les bergers apportent aux laiteries.


Au loin, les Levka Ori

Un petit peu avant Asfendou, c’est un couple d’allemands qui s’arrêtent et nous charge jusqu’à la grande route qui va de Chania à Chora Sfakion. Encore 4 km de macadam jusque Ammoundario où le patron du kafenion nous assure qu’on trouvera de l’eau au refuge de Tavri. C’est le dernier point d’eau avant de se lancer dans la traversée du massif qui devrait nous prendre deux jours entiers. Deux jours sans eau, faudra jouer serré.

Deux heures de bonne grimpette pour arriver à Tavri. On retrouve avec plaisir un vrai sentier. Le refuge est bien sûr fermé mais, de plus, il n’y a pas une seule goutte d’eau en vue… Heureusement qu’on croise un berger qui descend avec son troupeau. Il nous guide jusqu’à sa bergerie située entre le refuge et la chapelle d’Agia Pnevma. Là, se trouve un robinet et l’eau y est bonne, contrairement à celle des bergeries de Niatos qu’il vaut mieux éviter, d’après lui. Merci à toi !

On plante la tente devant le refuge qui, bien que fermé, offre quand même un certain confort du genre table et chaise. On décide d’y passer toute la journée de demain avant de se lancer dans la traversée. Cela fait 16 jours qu’on marche, une première journée de repos nous fera du bien.


Le refuge de Tavri

On finit la journée, un verre d’ouzo à la main, à contempler le soleil qui se couche derrière les premiers contreforts des Montagnes blanches. Le refuge est encore dans la zone de pâture des moutons, il y a de la vie… au-dessus, pour le peu qu’on en voit, une chaîne de montagnes pelées nous cache le reste mais on sait, qu’au-delà, ce sera deux jours sans eau. L’horizon bleuit puis s’assombrit, c’est l’heure de regagner la tente, petite bulle qui rassure.