Etape 29

Jeudi, 1er juillet

Cabane d'Eliet à St Lizier

Lever : 5h45 Départ : 6h30 Arrivée : 12h30 Durée : 6h10

Asc : 455m

Desc : 1345m

Pas le premier debout ce matin : quelques jeunes et des éducs, sans doute pas trop habitués à dormir sous tente, se baladent les mains dans les poches en tournant en rond… Mais je suis le premier à quitter les lieux « la fleur au fusil » pour rejoindre le Pas de la Core par ce qu’ils appellent le Chemin de la Liberté (passeurs de la deuxième guerre). Chemin bien sympa qui me change des jours précédents : il suit à peu près les courbes de niveau et la lumière rasante du petit matin m’incite même à faire quelques haltes pour prendre en photo des fleurs qui s’ouvrent au soleil levant.


Balisage sérieux...

La suite est tout aussi agréable : je descends une vallée non pas transversalement comme ces derniers jours… mais dans le sens habituel où l’on devrait descendre une vallée : de l’amont vers l’aval. Plus je descends, plus c’est vert et gras. Petite halte avec un berger qui me parle de ses chiens, des borders collies, comme presque partout dans les Pyrénées. Il regrette les anciens et trouve que les borders veulent toujours en faire de trop, sans attendre l’ordre du maître.

Poursuite vers le fond de la vallée ombragée et soudain je sens que je pénètre dans un autre milieu que celui des estives. Je suis tout simplement un étage plus bas que d’habitude. La végétation est différente, le relief plus doux et mêmes quelques portions de macadam qu’on en viendrait presque à apprécier !

Pont sur le Salat, plus une seule goutte d’eau et je me rends compte que la route sur laquelle je viens d’arriver (D3) mène à St Lizier… où je pensais arriver demain. Je me donne ¼ d’heure pour tenter le stop. Bingo ! Une voiture s’arrête puis, dans la foulée, une vieille anglaise en 4X4 va faire un détour pour m’emmener à destination… Elle connaît la HRP qu’elle a faite en partie avec son mari il y a longtemps. Ils sont tombés amoureux des Pyrénées au point d’y acheter une maison. Elle me dépose devant l’épicerie de St Lizier qui fait également accueil du camping et tout ça 5 minutes avant la fermeture… elle est pas belle la vie ? Il est 12h30 : je pose le sac, content d’avoir bien négocié cette journée après la baisse de moral d’hier après-midi.

Sieste au soleil ! Cassoulet, tranches d’ananas et pinard pour ce soir !


Le camping avec pinard, fruits, chocolat et gâteaux...

La secte des randonneurs au long court : on se reconnaît de suite et de loin… rien à voir avec le randonneur à la journée… le volume du sac, l’air un peu hagard quelquefois, une belle lassitude sur le visage, un encroutement des godasses et des bas de pantalon, une démarche bien ancrée à la terre… Je me fais cette réflexion après avoir discuté un peu avec « un vieil allemand » qui dévorait une poignée d’abricot devant l’épicerie. C’est le dernier jour de rando pour lui…

Belle soirée… à 20h, il fait encore très bon, couché sur le matelas à l’extérieur de la tente. Quelques notes de guitare chez deux voisins, un peu plus loin…

Etape 30

Vendredi 2 juillet

de St Lizier à Aulus les Bains

Lever : 5h25 Départ : 6h15 Arrivée : 13h Durée : 6h43

Asc : 1070m

Desc : 1080m

Lever très matinal… un ouvrier est aux sanitaires en même temps que moi, il prend sa douche… Deux randonneurs étaient inquiets hier soir pour la montée au Col de Fitté : suite à la neige abondante de ce printemps, beaucoup d’arbres sont tombés. Effectivement, il faut jongler entre les troncs dans deux ou trois endroits mais rien de dramatique.

Col de Fitté… col des mouches où il est impossible de s’arrêter sans en avoir les jambes couvertes. Alors, en route pour le Col d’Escots et ses remontées mécaniques. Je me perds un peu avant de retrouver le bon chemin pour la Jasse du Fouillet. Beau cheminement dans les rhodos et les bruyères. Superbe cirque avec un troupeau de moutons tout agglomérés et le jeune berger flanqué de ses deux labris. On discute un peu… de chiens bien sûr… même en montagne cet animal est bon lien social… je lui parle de kuumiut qui ressemble beaucoup aux siens. Bonnes bêtes, me dit le berger au parler doux comme celui que j’avais rencontré je ne sais plus où mais il me semble que c’est il y a un siècle ! Il est équipé d’une longue perche en bois terminée par un embout métallique de la même forme que celui que j’ai trouvé en Grèce, il y a un siècle aussi…

Je me perds encore une fois dans la descente mais ça me permet de voir une belle cascade. Le problème avec les arbres couchés s’aggrave sur ce versant mais ça rompt un peu la monotonie de la progression.


Non, mais quelle gueule il a, celui là !!

Arrivé à Aulus les Bains où je retrouve mes deux gugusses d’hier qui attendent le bus. Je les soupçonne d’avoir truandé : ils dormaient encore quand je suis parti ce matin, ils me parlent d’un raccourci…

Allez, je les plante là et je file vers le camping, ça ne sert pas à grand-chose de pousser plus loin aujourd’hui. Je passe devant la terrasse prometteuse d’un bar restaurant et c’est parti pour une assiette de charcuterie, salade tomate/mozarella et ½ rosé… la journée est finie !

Fin d’après-midi et succession d’orages. Le camping est bien imbibé et mes affaires aussi ! La pelouse s’enfonce sous mes pas et se gorge d’eau… J’ai fait les courses pour 5 jours. En principe, je suis autonome jusque Mérens les Vals.