Dimanche 27 juin

Sous le Col d'Esclot à la Cabane d'Uls

 

Lever : 5h55 Départ : 6h40 Arrivée : 15h16 Durée : 8h30

Asc : 1276m

Desc : 1440m

Encore une saprée journée ! Debout avant le soleil qui allume de rouge l’horizon. Beaucoup de rosée. Je m’affaire tranquillement à ranger le camp tout en buvant le café et en regardant le soleil apparaître et rosir les dentelles rocheuses du cirque au-dessus du lac de St Béat.


Lever de soleil...

Juste au-dessus des cabanes des Courraus, une troupe d’une dizaine d’isards s’éloigne à mon approche tout en se poursuivant les uns les autres. Y en a un qui reste à l’arrière et me regarde longtemps avant de rejoindre le reste du groupe.

Petit débarbouillage dans un ruisseau. Je jette un coup d’œil, en passant, à la cabane d’Artigues : très sympa. Et puis, longue descente sur Fos. Un panneau conseille d’éviter le tracé le long du torrent (dalles glissantes… même recommandation dans le topo guide !) et le chemin emprunte une piste forestière qui remonte bien la bougresse puis descente en lacet et sentier jusqu’à la nationale.

Dans le village, suite à de mauvaises indications (ou est-ce moi qui ai mal compris…) mais je loupe la boulangerie et le bar où je me voyais bien devant un croissant café et cette image m’occupait l’esprit depuis un bon bout de temps…

Tant pis, je me tape la montée sur Melles et par la route en plus… A l’entrée du village, une auberge avec deux, trois tables dehors près d’un abreuvoir où des hirondelles viennent faire leur cinéma… un grand café, deux croissants s’il vous plait ! En discutant, j’apprends que cette auberge a été inaugurée il y a deux jours et qu’elle est tenue par deux jeunes lorrains dont les parents sont descendus pour l’occasion. Ils viennent d’Ars et de Raville, connaissent bien Jean Louis Carme à qui je laisse un petit mot par leur intermédiaire. Du coup, j’ai droit à la corbeille de fruits et on papotte une petite heure…

J’aimerai bien aller passer la nuit à la cabane d’Uls même si elle est encore à 4h de marche.

Macadam jusque Labache… ensuite c’est le ciel qui prend une couleur de macadam et j’ai beau forcer le rythme, rien à faire, l’orage me tombe dessus ! J’enfile la tenue adéquate mais ça ne suffit pas et je me mets assis sous un sapin, le cul sur mon sac, la tête dans les épaules en attendant que ça passe ! Deux jeunes descendent et me croisent, sentinelle transie au bord du chemin. On discute 5 minutes, la fille porte un sac poubelle en guise de poncho et leur voiture est au parking de Labache… D’après eux, j’en ai encore pour une heure jusqu’à la cabane mais elle est bien, parait-il… Je reprends la route, ça rince, ça éclair et ça tonne… ambiance !


Cabane d'Uls

Là voilà, la cabane, le paradis du randonneur en difficulté… je me change entièrement, je mange et hop au lit… je sais ! Il n’est que 16h mais j’adore ce décalage, cet orage, cet abri et ses lits branlants en ferraille qui grincent et s’affaissent sous mon poids.

17h30 : l’orage est passé, le plafond est monté mais le soleil fait encore grise mine. Je sors mes affaires trempées dehors pour tenter de les faire sécher et je pars pour une petite balade sur les crêtes au-dessus de la cabane. Superbe panorama, jeux d’ombres et de lumières, des couleurs et des perspectives dans les bleus et les verts et une troupe d’isards qui s’en vont en galopant dès qu’ils me repèrent.

Tambouille aux vermicelles et bonbon à l’anis et il est déjà 20h20 et je suis encore debout ! C’est l’effet cabane, sous tente je serai déjà couché depuis longtemps.


Soirée refuge...

 

Lundi 28 juin

De la cabane d'Uls à Eylie d'En Haut

 

Lever : 6h10 Départ : 6h50 Arrivée : 13h28 Durée : 6h38

Asc : 740m

Desc : 1575m

Petit vent froid ce matin. Le brouillard monte de la vallée de Melles… Encore une arrivée matinale en haut du col (deux d’ailleurs pour le prix d’un, séparés par une petite crête aérienne : le Pas du Bouc suivi du Col d’Auréan). Ah je les aime ces cols du matin quand l’air est pur et frais, que la vue est large, que le soleil vous prend pleine face en arrivant en haut alors que vous débusquez quelques choucas qui s’en vont planant et poussant des cris dont l’écho a la même pureté de son que l’air cristallin… tout est neuf, propre, limpide et ça vous gonfle le moral en vous pénétrant par tous les pores.


Serre d'Araing et les restes de l'exploitation minière

Un autre col tant qu’on y est… La Serre d’Araing avec, tout en haut, les restes métalliques d’un système de porte-wagonnets pour les mines de Bentaillou qui s’ouvrent en contrebas, sur l’autre versant. (en fait, il parait que c’est en rapport avec la construction du barrage, me dira-t-on plus tard).

Bentaillou : belles mines et belle archéo industrielle du 20ème siècle dans un décor montagnard. Entrée de la galerie, voie pour les wagonnets dont les traverses sont accrochées plein vide, bâtiments des mineurs et tout le lot de ferrailles, de moteurs rouillés qui jonchent l’herbe grasse de l’estive.


Mine de Bentaillou

Croisé deux gendarmes en tournée d’inspection : on discute quelques moments à propos des ours et des vautours. Le ciel est bien menaçant et je m’arrête au gîte d’Eylie d’En Haut… Vers 17h, un bel orage éclate et je suis bien content d’avoir fait ce choix, seul dans ce gîte accueillant. Je me paye le repas pour faire durer mes propres provisions (je compte environs 4 jours de marche jusqu’au prochain ravitaillement).


Descente sur Eylie d'En Haut

Ballade dans les abords du bocard d’Eylie, mais c’est grillagé de partout… Fin d’après midi à compulser une grosse flore des Pyrénées et à faire des calculs d’horaire. Avec ce que j’ai comme bouffe dans le sac, je dois pouvoir arriver à St Lizier en 4 jours : la météo n’a pas l’air trop mauvaise jusque là, après, on verra…

Super repas où il fut question de mines. Le couple qui gère le gîte essaie de récupérer le maximum d’objets et d’archives sur les mines du Bentaillou et la mine du Bullard, la mangeuse d’hommes ou encore surnommée le Machu Pichu pyrénéen !